Huit nouvelles acquisitions du musée de l'Armée
Le 14 décembre 2020 - Musée de l'Armée-Invalides - Paris
Le musée de l’Armée vous propose de mettre en avant huit de ses dernières acquisitions qui viennent enrichir les fonds des départements XIXe siècle et symbolique, Contemporain, Artillerie et Beaux-Arts et patrimoine. Ces nouvelles acquisitions témoignent de l’abondance des périodes historiques et des sujets présentés au musée ainsi que de son implication dans la constitution de collections en vue de la prochaine extension de ses parcours de visite. D’ici 2025, le musée de l’Armée souhaite offrir à ses visiteurs trois nouveaux parcours permanents : l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, du XVIe siècle aux années 1960 ; l’après 1945 et la Guerre froide jusqu’à la période consécutive à la chute du « rideau de fer » ; l’actualité des engagements de la France et de ses armées aujourd’hui.
Drapeau de la Garde nationale d’Authezat (Puy-de-Dôme), 1791 intègre le département XIXe siècle et symbolique.
Pongé de soie brodé (h. 175 cm ; l. 175 cm) ; Don d’un particulier. Créée en juillet 1789, à Paris, la Garde nationale est d’abord une milice citoyenne qui rassemble les milices bourgeoises qui s’étaient créées spontanément au début de la Révolution française. Rapidement, de nouvelles formations vont se constituer dans les villes de province, constituant une institution civile et politique essentielle de la Révolution. Ce drapeau de grande taille, construit selon un modèle couramment utilisé au sein de la Garde nationale parisienne, issu des drapeaux d’infanterie d’Ancien Régime, est fabriqué en pongé de soie et comporte une croix blanche avec deux cantons azurs et deux rouges. Au centre sont brodées, en forme de fleurs les lettres V et A dans un cercle encadré par deux rameaux de feuillages. Cet ensemble surmonte une banderole en soie rapportée sur laquelle est brodé « GARDE NATIONALLE D’AUTEZAT » ainsi que la date 1791. Cet emblème brodé d’un seul côté, est fabriqué selon des techniques et avec des matériaux qui ne favorisent pas son usage au front. Il évoque plutôt un symbole voire un souvenir, témoins de l’engouement populaire autour de la création spontanée de nombreuses gardes nationales en province et de la large implication des communes et de la population dans les événements révolutionnaires. |
Marcel Auguste Raoux (1795-1871), Cornet à deux pistons avec ses huit tons, avant 1845 rejoint le département XIXe siècle et symbolique.
Cuivre ; Achat auprès d’un particulier. Ce cornet à deux pistons, pièce rare, dotée de ses 8 tons, de son embouchure et de son coffret d’origine, est un instrument de musique militaire réalisé par Marcel-Auguste Raoux. Ce facteur parisien obtint en 1812 le brevet de facteur d’instruments du Roy et des théâtres royaux ».De par sa forme carrée, ce cornet à deux pistons constitue la représentation par excellence des cuivres aigus au sein des orchestres militaires, sous la Restauration. |
Fragment de chêne mitraillé pendant les combats du Bois-le-Prêtre intègre le département Contemporain. Chêne (l. 60 cm ; p. 20 cm) ; Don M. Château. Cette écharde de bois, ou « ételle » porte des éclats d’obus, des échancrures et des stigmates divers. Elle fut ramassée à quelques pas du tronc du Chêne mitraillé de la Croix des Carmes dans le Bois-le-Prêtre (54), dont le secteur dit « Le Quart en réserve » est un haut lieu de la mémoire de la Grande Guerre en Lorraine. Ce chêne est resté jusqu’au début des années 2000 le seul survivant des chênes mitraillés de ces parcelles forestières. En état de péril, il fut abattu par l’ONF en juin 2005, traité et sauvegardé. Il est aujourd’hui visible dans l’église reconstruite du village « mort pour la France » de Fey-en-Haye. La forêt de la Croix des Carmes abrite d’autres arbres à forte valeur patrimoniale, blessés mais cicatrisés et vivants. |
Pipe à opium et son nécessaire à opium, fin XIXe - début XXe siècle, Vietnam rejoint le département Contemporain.
Bambou plaqué d’écailles de tortue, argent, ivoire, bois laqué, laiton, argile, métal argenté ; Don M. Abalan. Cette pipe à opium et son nécessaire à opium contenu dans un coffret en bois laqué ont appartenu à une partie de la famille paternelle du Docteur Abalan qui s’est installée à Hanoï au XIXe siècle. Cet ensemble d’objets complète les collections du musée de l’Armée relatives à la colonisation et à la décolonisation et permettra de montrer le rôle de la vente de l’opium dans le financement de la colonie. En effet, dès la fin de l’année 1881, l’Administration des contributions directes a été créée afin d’assurer l’exploitation des monopoles de l’opium et de l’alcool. C’est de cette époque que date l’installation de la manufacture d’opium à Saigon. L’administration procédait à des ventes directes auprès des débitants agrées. Lors de la guerre d’Indochine, le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) a mis en place le financement d’actions clandestines avec l’argent du trafic de drogue en achetant la production de pavot aux Hmong pour financer des maquis anticommunistes. |
Tenture brodée « Armée du Levant, Cilicie, 1921, souvenir d’Adana », Turquie intègre le département Contemporain. Velours, laine ; Don M. Brot. Brodée en laine sur fond de velours, cette tenture a été ramenée en souvenir de sa campagne en Cilicie, correspondant à peu près à l’actuelle province turque d’Adana, par le soldat Louis Brot. Né en 1899, Louis Jean Marie Brot a débarqué au Levant le 26 février 1920 et a été affecté à la 1re compagnie du 18e régiment de tirailleurs algériens. Cette unité faisait partie de la division d’infanterie rebaptisée Division du Levant et commandée par le général Dufieux. Après avoir fait campagne contre l’Allemagne, il a participé de février 1920 à la fin mai 1921 à la campagne de Cilicie qui a opposé l’armée du Levant du général Gouraud et la Légion arménienne aux forces turques et qui a pris fin par l’accord d’Ankara signé le 20 octobre 1921, mettant fin à la zone d’influence française en Cilicie au profit de la présence française en Syrie et au Liban. |
Ensemble de maquettes de présentation de matériels de guerre, dernier quart du XXe siècle rejoint les départements Artillerie et Contemporain.
Acier, bois, plastiques ; Don Nexter S.A. Majoritairement réalisée à l’échelle du 1/10e, ces maquettes étaient utilisées par la société Nexter – fondée en 2006 et héritière de GIAT Industrie et des établissements constructeurs de la Défense – comme modèles de présentation de ses productions lors de salons spécialisés. Ce fonds de douze maquettes vient enrichir les collections du musée de l’Armée relatives aux années 1980, 1990, 2000 et 2010, et illustre les engagements de l’armée française durant ces décennies : Liban, Ex-Yougoslavie, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Mali…En outre, ce fonds, qui comporte des matériels adoptés et d’autres restés à l’état de projet, complète les collections existantes de modèles réduit conservées par le Musée, tout en témoignant de l’industrie de l’armement française de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. |
Ensemble de 43 dessins (1879-1893) et 117 gravures de presse (1897-1898) d’Eugène Gauguet (1872-1943) intègre le département Beaux-arts et patrimoine.
Plume et encre et imprimé sur papier ; Don M. Bernard Widmer. Un ensemble de dessins d’Eugène Gauguet, exécutés pendant les deux années passées au 116e régiment d’infanterie a été acquis auprès du petit-fils de l’artiste. Ces œuvres relatent avec humour la vie quotidienne au régiment (l’arrivée, les exercices, les corvées, le séjour à l’infirmerie…), sous la forme de petites histoires dessinées, signées du pseudonyme Singe-Rouge, envoyées à sa famille. Ces œuvres révèlent un sens aigu de l’observation et de la narration, restitué par un trait vif et précis. Après les années passées à l’armée, Eugène Gauguet décide de poursuivre sa carrière artistique et s’installe à Paris, où il devient illustrateur. Sous le pseudonyme de Gog, il collabore à L’Assiette au Beurre, La Vie Parisienne, L’Almanach Vermot, Rire, Sourire… à la fin des années 1890, et produit de nombreuses caricatures, puisant dans le répertoire de motifs constitués pendant son service militaire ou fustigeant les travers de la société bourgeoise et de ceux qui font de la politique. Cet ensemble d’œuvres de jeunesse d’Eugène Gauguet vient compléter un fonds d’estampes de l’artiste sur la Première Guerre mondiale, déjà conservé au musée de l’Armée. |
Capitaine Émile Leroy (1830-1879), Album de photographies réalisées au Mexique entre 1863 et 1867 rejoint le département Beaux-arts et patrimoine.
50 épreuves sur papier albuminé, contrecollées sur carton, montées en album ; Achat, 2020. Cet album est un exceptionnel témoignage du Mexique au début des années 1860. Parmi les premières représentations de ce pays par la photographie, il présente un panorama de l’architecture mexicaine du temps de l’expédition française entre 1861 et 1867. Réalisé par le capitaine Émile Leroy, officier au 95e régiment d’infanterie, il évoque très brièvement le contexte militaire pour s’inscrire plus longuement dans le prolongement des nombreux militaires qui ont participé à la description scientifique du pays lors des expéditions de la Commission scientifique du Mexique et de la Commission scientifique, littéraire et artistique du Mexique (créées en 1864). Même si on ne peut rattacher Émile Leroy à ces deux commissions, son travail accompagne ce mouvement d’étude du Mexique et montre le rôle éminent des militaires dans cette appréhension scientifique du pays. |
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Musée de l’Armée
Hôtel national des Invalides
129 rue de Grenelle
75007 Paris
Publié le 14 décembre 2020