Journaux des Marches et Opérations (JMO)
Qu'est-ce qu'un JMO ?
Dépourvus de tout commentaire ou appréciation personnelle, en conformité avec l'instruction du 5 décembre 1874 qui les a institués, les JMO devaient servir à la rédaction d'un historique d'ensemble, destiné à maintenir la valeur morale de l'armée. Ils n'en restent pas moins, malgré leur rigueur administrative et leur sécheresse parfois, une source irremplaçable sur la vie et la mort de millions de Français. Une certaine uniformité est visible dans la présentation des journaux, car les cahiers ont souvent un format identique, avec la date portée dans la marge gauche. Quelques cahiers percés d'une balle ou d'un éclat sont là pour rappeler que les journaux étaient rédigés sur le vif et en première ligne, quand ils ne l'étaient pas dans le secret des états-majors. La tenue des JMO, confiée à des officiers qui pouvaient en déléguer la rédaction à des sous-officiers, était en effet prescrite aux états-majors aussi bien qu'aux corps de troupes. Revêtu d'un caractère officiel, répondant à une démarche d'authentification des faits et notamment des actions d'éclat, le journal de marches constitue, en un sobre condensé des événements, un récit aussi objectif et précis que possible des combats.
Que trouve-t-on dans un JMO ?
Chaque jour sont notifiés les faits, combats, manœuvres, travaux ou reconnaissances, accompagnés des objectifs visés et des résultats obtenus. Sont aussi indiqués de manière systématique la composition du corps (effectifs, encadrement et mutations), les itinéraires suivis, les emplacements des camps ou des cantonnements, ainsi que les décorations et citations individuelles. Le texte peut se réduire à une chronologie très succincte, en raison même du rythme de la bataille : lors de la retraite d'août 1914 ou sous le bombardement de Verdun, le rédacteur ne disposait pas du temps nécessaire pour écrire une relation détaillée. Par ailleurs il ne faut pas s'attendre à trouver des appréciations allant à l'encontre des recommandations ministérielles, ou des remarques critiques sur le commandement. L'enregistrement journalier de la succession des événements est enrichi dans de nombreux journaux de documents justificatifs : ordres, cartes et schémas, états des pertes numériques ou nominatifs. Ces documents récapitulatifs, dont l'établissement était obligatoire, sont bien souvent incomplets en raison des difficultés du moment et du chiffre élevé des pertes. Les mentions nominatives restent ainsi, dans bien des cas, réduites aux seuls officiers. S'ils n'offrent pas la diversité des points de vue et richesse en termes de témoignages individuels des lettres de poilus ou des carnets de guerre personnels, et s'ils n'apportent bien souvent que peu ou pas de renseignements nominatifs sur le sort des simples soldats, les JMO constituent en revanche une source unique sur le contexte dans lequel évoluaient les combattants.