Alsaciens-Mosellans incorporés de force dans l'armée allemande.
Par ordonnance du 19 août 1942, les jeunes Mosellans furent contraints d'effectuer leur service militaire dans l'armée allemande. Il en alla de même le 25 août pour les Alsaciens. La désertion qui n’était possible qu’en passant par la frontière Suisse entrainait la confiscation de l’ensemble des biens des évadés et la déportation de leur famille. Défiant les terribles représailles exercées en cas de capture, jusqu’à fin 1942, 12 000 jeunes gens prirent la fuite. D’autres recrues qui refusèrent de porter l’uniforme allemand furent emmenées dans le camp de sécurité de Schirmeck, où les menaces, les tortures et autres mauvais traitements eurent raison de leur résistance. Ils furent environ 45 000 récalcitrants, civils ou futures recrues, à être internés au camp de Schirmeck et environ 27 000 civils dont un proche avait déserté à être envoyés en Allemagne, Pologne et Silésie après confiscation de leurs biens.
Cette répression incita la plupart des « Malgré-nous » à se résigner et répondre à l’ordre d’appel. Ainsi, plus de 103 000 Alsaciens et 31 000 Mosellans se retrouvèrent incorporés de force. La plupart d’entre eux furent affectés dans la Wehrmacht, mais de nombreuses classes furent versées d'autorité dans la Waffen-SS dont les divisions comptaient de nombreuses pertes lors des combats.
Ne faisant aucune confiance aux recrues alsaciennes et craignant leur désertion, les Allemands décidèrent d’envoyer la plupart d’entre eux sur le front russe. Influencés par la radio anglaise les incitant à se rendre aux Soviétiques dès que l'occasion se présenteraient, beaucoup désertèrent dans l'espoir de rejoindre la France Libre. Nombre d'entre eux, après avoir subi interrogatoires, internements et transits épuisants, furent rassemblés au camp de Tambov. En septembre 1945, plus de 11 000 français y furent internés dans des conditions extrêmes avec pour rythme quotidien : travail forcé, éducation politique et ration alimentaire insuffisante.
Selon certains historiens, 24 000 « Malgré-nous » sont morts au front, 16 000 en captivité dont environ un quart au camp de Tambov.
Des dossiers individuels de régularisation d’état-civil et d’instruction de demandes d’attribution de la mention « mort pour la France » des Incorporés de force sont conservés au Service historique de la Défense à Caen, sous les cotes AC 21 P 209813 à AC 21P 24120. On y trouve des documents d’état civil, de la correspondance administrative et de la correspondance familiale, des actes de décès en Allemand et en Français, parfois des photographies… La base de données publiée sur Mémoire des hommes reporte les informations issues de fiches nominatives renvoyant à ces dossiers et comportant les données liées à l’état-civil de la personne et à l’attribution ou non de la mention « mort pour la France ». Cette base, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, s’inscrit dans la continuité de la mise en ligne de la base de données des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale