Les artistes dans la Grande Guerre
Le musée de l’Armée conserve plusieurs centaine d’estampes relatives à la Première Guerre mondiale. En 1918, immédiatement après le conflit, de nombreux artistes ont déposé leurs « œuvres de guerre » au musée ce qui a constitué le noyau de la collection. Le fonds s’est ensuite progressivement agrandi avec des acquisitions, mais surtout grâce à des dons de particuliers, dont plusieurs descendants d’artistes, qui ont souhaité montrer ces estampes au public. La collection est, aujourd’hui encore, en perpétuelle évolution grâce à des enrichissements réguliers.
Il est difficile de faire la synthèse d’une collection dont la principale caractéristique est la diversité. Le fonds se distingue notamment par la variété des techniques conservées. Ainsi, certains artistes ont privilégié la taille douce comme en témoignent les très belles eau-forte de Broquet ou de Sousa Lopes. D’autres se sont consacrés à la gravure sur bois comme Auguste Lepère. La lithographie est également présente avec d’étonnantes productions anglaises signées Clausen ou Rothenstein. Si le noir et blanc prédomine, certains artistes ont utilisé la couleur avec brio comme le montrent les subtiles aquatintes d’Eugène Gauguet. Les thèmes des œuvres sont également très divers. La gravure se prête très bien à la représentation des ruines des bâtiments malmenés par les bombardements. Abel Jamas a ainsi réalisé un très beau burin de la cathédrale de Reims en flamme. Certains artistes, tel Théophile Steinlen, se sont plutôt concentrés sur la détresse des victimes civiles. D’autres encore ont représenté les innovations techniques liées au conflit comme Alfred Daguet qui a dépeint les différents modèles d’avions survolant les lignes ennemies. Les attentions des artistes ont pu également être divergentes. Si Lucien Jonas a souhaité exalter les valeurs patriotiques françaises à travers ses « Grandes Vertus », Jean Veber a dressé, dans ses lithographies, un portrait beaucoup plus cru des combats.
Les collections d’estampes du musée de l‘Armée constitue un panorama représentatif de l’expression artistique de l’époque. Artistes confirmés ou débutants, combattants ou spectateurs, chacun des auteurs a sublimé la gravure pour témoigner de sa vision du conflit.