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Le Combat de Camerone de Jean-Adolphe Beaucé au musée de la Légion étrangère

Le Combat de Camerone, Jean-Adolphe Beaucé (1818-1875), 1868 (?), huile sur toile, musée de la Légion étrangère, dépôt du FNAC © Musée de la Légion étrangère.

Mercredi 2 décembre 2020

Déposé par le Fonds national d’art contemporain (FNAC), Le Combat de Camerone est exposé au musée de la Légion étrangère, à Aubagne, depuis son ouverture en 1966. L’œuvre survient dans un moment particulier de la carrière de l’artiste et du Second Empire et représente un événement hautement symbolique pour la Légion, expliquant en partie son parcours singulier.

Les dernières heures de la bataille de Camerone

Au centre du tableau, six légionnaires vêtus de leur tenue caractéristique, parmi lesquels figurent le sous-lieutenant Mandet et le caporal Maine, résistent, exténués. Ils sont cernés de tous côtés, jusque sur le toit du bâtiment en ruine derrière eux, par des cavaliers et des fantassins mexicains. Le 30 avril 1863, soixante-deux légionnaires, dont quarante sont morts, sont assiégés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda par deux mille soldats mexicains au cours de l’expédition du Mexique, décidée par Napoléon III entre 1861 et 1867 pour étendre l’influence de la France. C’est cette bataille de Camerone que Jean-Adolphe Beaucé représente, après plusieurs heures de combat, lui permettant de dramatiser la scène. La fumée domine le coin supérieur gauche et les contrastes créés par les torches montrent que la nuit commence à tomber.

Un tableau de Salon, à la fin de la carrière de l’artiste et du Second Empire

Jean-Adolphe Beaucé (1818-1875) présente Le Combat de Camerone lors du Salon de 1869. On peut donc supposer que cette huile sur toile a certainement été peinte l’année précédente, en 1868, d’autant que l’artiste est rentré du Mexique avec le corps expéditionnaire français en 1867. Cette œuvre se situe à la fin de la carrière de l’artiste. Âgé de cinquante-et-un ans, il décède six ans plus tard. L’œuvre de Jean-Adolphe Beaucé se caractérise par l’exécution de scènes de bataille comme en témoigne Le général Niel à la bataille de Solférino peint en 1859 et conservé au château de Compiègne. Le peintre a en effet suivi l’armée française au cours de plusieurs expéditions, dont celle du Mexique, thème récurrent dans son œuvre. Un an avant de présenter Le Combat de Camerone, il expose au Salon de 1868 une toile intitulée Entrée du corps expéditionnaire français à Mexico le 10 juin 1863, désormais conservée au château de Versailles. L’Etat acquiert donc Le Combat de Camerone à l’occasion du Salon de 1869 sous le lot numéro 150 pour la somme de 3 000 francs et l’affecte aux collections du musée de Versailles. Le traitement du sujet choisi par l’artiste héroïse une décision majeure du règne de Napoléon III, l’expédition du Mexique, alors que l’Empire arrive bientôt à son terme et que le Second Empire mexicain n’existe plus. Au même moment que Jean-Adolphe Beaucé, en 1868-1869, Edouard Manet achève L’Exécution de Maximilien, conservé à la Kunsthalle de Mannheim. Maximilien de Habsbourg est en effet devenu empereur du Mexique en 1864, comme conséquence directe de l’expédition du Mexique. Son exécution en 1867 par les républicains mexicains et le retour de Benito Juarez montrent que l’objectif de Napoléon III n’a pas été atteint.

Une œuvre convoitée, représentant un événement d’une grande postérité pour la Légion étrangère

Le tableau ne reste que peu de temps à Versailles et est envoyé en dépôt à l’hôtel du grand commandement de Tours sur demande du général Jeanningros. Nommé à partir de 1871 commandant de la subdivision militaire de Tours, il était commandant durant l’expédition du Mexique du Régiment étranger, dont la 3e Compagnie a participé à la bataille de Camerone. Le tableau y reste jusqu’à ce que le colonel Gardy, officier de la Légion étrangère, soit nommé gouverneur militaire de Tours. Il demande son envoi à Sidi Bel Abbès lorsqu’il devient commandant du Groupement autonome de la Légion étrangère en 1952. Quand la Légion quitte l’Algérie, en 1962, le Combat de Camerone suit les autres objets provenant de la salle d’honneur et du musée du souvenir et est, dans un premier temps, déplacé vers l’Institution des invalides de la Légion étrangère de Puyloubier avant d’être exposé dans la salle d’honneur du musée de la Légion étrangère, à Aubagne, dès son inauguration en 1966. L’œuvre étant inscrite sur l’inventaire du Fonds national d’art contemporain (FNAC), son parcours complexe n’a pas été suivi par le déposant qui n’en a retrouvé la trace qu’en 2012. Les mouvements de cette œuvre témoignent de son importance pour la Légion étrangère, pour laquelle la bataille de Camerone conserve aujourd’hui une symbolique particulière. Elle est commémorée chaque année et met en avant les valeurs de courage et de sacrifice. Le musée de la Légion conserve un grand nombre d’objets en lien avec l’expédition du Mexique, et particulièrement avec la bataille de Camerone.

 

Rédacteur : David Jouet, Bureau des actions culturelles et des musées / DPMA

 

Pour aller plus loin

Les collections du musée de la Légion étrangère sur la base Collections de Mémoire des Hommes 

Fiche musée 

Notice du Combat de Camerone dans la collection en ligne du CNAP 

Notice du Combat de Camerone dans la base Arcade des Archives nationales 

 

Publié le 2 décembre 2020