Convention d'armistice du 11 novembre 1918
Découvrez la convention d'armistice du 11 novembre 1918, un document exceptionnel désormais accessible en ligne !
À l’automne 1918, après 4 ans de combats, l’Allemagne est militairement affaiblie et demande au président américain Wilson d’entamer des négociations pour un armistice le 4 octobre.
L’armistice n’est pas une capitulation, ni un traité de paix. La demande de l’Allemagne était d’ailleurs certainement motivée par l’espoir d’améliorer la situation militaire du pays avant une reprise des combats, ce que les Alliés souhaitent éviter. C’est pourquoi, après le 4 octobre, suivent plus de 20 jours de négociations entre l’Allemagne et le président américain, durant lesquels les conditions se durcissent.
À partir du 25 octobre, les Alliés commencent à discuter entre eux des 14 points proposés par le président Wilson. Les gouvernements français et britanniques rajoutent aux propositions qui visaient à empêcher l’Allemagne de reprendre la guerre des exigences destinées à briser la puissance allemande pour imposer leur domination militaire et économique.
Un mémorandum est remis au président Wilson le 4 novembre. Ce mémorandum constitue la base de l’armistice tel que nous le connaissons aujourd'hui.
La signature de l'Armistice
Une délégation est nommée par l’Allemagne le 6 novembre. Elle est présidée, non pas par un militaire, mais par Matthias Erzberger, ministre d’État. La délégation, qui voyage à bord de cinq voitures avec un drapeau blanc, passe les lignes françaises le 7 novembre et est escortée par le 171e régiment d’infanterie jusqu’à la forêt de Compiègne, dans l’Oise, où elle arrive le 8 novembre.
C'est là que se trouve le fameux wagon dans lequel sera signé l’armistice, dans la clairière de Rethondes. C’est le maréchal Foch qui a choisi ce lieu, car il souhaitait un endroit isolé, calme et propice aux négociations, qui soit proche de son quartier général de Senlis.
Le 10 novembre, le gouvernement allemand envoie à sa délégation l’ordre d'accepter l'armistice.
L’ultime séance de négociations s’ouvre à deux heures du matin cette nuit-là, et Foch presse les signataires de ne plus tarder, car chaque minute supplémentaire représente des soldats français tués.
Dans le wagon se trouvent, pour la France, le maréchal Foch, commandant en chef des armées, ainsi que le général Weygand, major général des armées alliées, trois officiers de l’état-major de Foch et deux officiers interprètes ; pour l’Angleterre, l’amiral Wemyss, premier lord de l’amirauté, représentant la marine britannique ; pour l’Allemagne, on compte quatre représentants : Matthias Erzberger, ministre, qui préside la délégation, le général von Winterfeldt, qui représente le grand quartier général auprès du gouvernement allemand, le comte von Obernoff, diplomate pour le ministère des Affaires étrangères, et le capitaine de vaisseau Ernest Vanselow pour la marine allemande.
Les alliés ont signé en bas à gauche de la dernière page et les représentants allemands à droite.
Lors de la signature, seule cette dernière page était dactylographiée. On voit d’ailleurs qu'elle est numérotée en haut à droite à l’encre, alors que les douze premières pages, ajoutées ensuite, ont une pagination dactylographiée.
Les conséquences de l’armistice
L’armistice prévoit 34 clauses en 7 chapitres qui concernent la sécurité des frontières, l’indemnisation des destructions, le retrait des troupes allemandes, l’occupation de la Rhénanie, le désarmement de l’Allemagne ainsi que des clauses navales demandées par la Grande-Bretagne pour lui assurer la maîtrise des mers.
À 11 heures, le 11 novembre 1918, l’armistice est appliqué. Sa durée est fixée à 36 jours. Il est prolongé à trois reprises jusqu’en 1919 et le traité de paix de Versailles, signé dans la galerie des Glaces du château, qui met véritablement fin à la guerre.
Un document historique
L'armistice, sans ses annexes, comporte 13 pages. Malgré l’importance historique de son contenu, le document est d’une grande simplicité formelle. Ce sont de simples feuilles de papier sans en-tête, sans aucun élément figuré ni ornement, avec simplement le mot « convention » dactylogaphié en lettres majuscules en haut de la première page.
Après la signature, le maréchal Foch lui-même emmène l’armistice à Paris, où il le confie à la conférence Interalliée. C’est trois ans plus tard, en 1921, que le document est transmis au Service historique du ministère de la Guerre, ancêtre du Service historique de la Défense, où il est aujourd’hui conservé.
L’armistice et ses annexes, telles des conventions de prolongation, rapports ou cartes, ont été reliés dans un registre de 264 pages, en cuir marron frappé aux armes de la République française. Cette reliure améliore la conservation des documents, en évitant que ses pages ne soient dispersées, mais elle lui donne également un nouvel écrin qui en fait un objet aussi remarquable que son contenu.
Le jour de la signature, un avion français est mis à la disposition de la délégation allemande pour son retour au quartier général de Spa, en Belgique. L’exemplaire de l’armistice remis ce jour-là a été perdu, ou détruit depuis. Celui conservé à Vincennes, dont l’original a été présenté au public lors d’une exposition organisée en 2018 au château de Vincennes dans le cadre des commémorations du Centenaire, est donc le seul qui subsiste. Une vidéo présentant ce document est visible ici.
(Texte de Cécile Bosquier-Britten, Service historique de la Défense)
L'armistice de 1918, ultime écrit du cessez-le-feu de la Première Guerre mondiale
Dernière mise à jour le 10.07.2024