Portrait d'indexeur : Christophe Gendron
"Il sera désormais aisé de connaître le nombre de tués à des dates et/ou des lieux précis "
La campagne d'indexation collaborative pour l'enrichissement de la base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale atteindra bientôt son objectif. A ce jour, il ne reste en effet plus que 67 866 fiches à indexer avec un rythme moyen de 50 384 fiches par mois en 2017, et de 2684 fiches en moyenne par jour en 2018 !
Derrière cette immense réussite se cachent des femmes et des hommes passionnés et assidus qui, sur leur temps personnel, participent à l'enrichissement du patrimoine archivistique national. Jusqu'à l'indexation de l'ultime fiche, Mémoire des hommes vous présentera le portrait de quelques-uns de ces nombreux indexeurs. Aujourd'hui, rencontrez Christophe Gendron, à qui Mémoire des hommes a posé quelques questions :
Nom : Gendron
Prénom : Christophe
Département : Maine-et-Loire
Nombre d'indexation au 27/02/2018 : 13174
Rang d’annotateur : 27 sur 2467
Vous avez effectué à ce jour un nombre conséquent d'indexations. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à participer à cette campagne ?
Je suis un passionné de la Première Guerre mondiale. J’avais auparavant fait un gros travail de recherche sur un régiment local : le 77e RI. Quand le site a mis en ligne les fiches, j’ai cherché à constituer la liste des soldats MPLF (ou non) car cette liste n’existait pas. Quand l’indexation a été mise en place, je les ai naturellement indexés (environ 3.800). J’ai ensuite indexé les autres régiments angevins (135e, 335e et 277e RI, 71e et 72e RIT) pour terminer aujourd’hui sur les autres régiments de la division (32e et 66e RI).
Beaucoup d'indexeurs ont leurs propres habitudes d'indexation. Avez-vous des motivations particulières qui expliqueraient les vôtres ?
Mes habitudes : je travaille par régiment (exceptionnellement 2). Je commence par « récupérer » tout ce qui est déjà indexé. Puis, je passe en revue les fiches non-indexées sur le département de la garnison en 1914 ainsi que les départements limitrophes. Enfin, je croise ma liste avec la liste des tués de l’unité quand elle existe. Je croise également avec des sites internet (Mémorial Genweb, Mémorial du chemin des dames…).
Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ? Votre parcours personnel a-t-il un lien avec la généalogie, les archives ou encore l'histoire ?
Je suis officier de réserve (lieutenant-colonel) depuis plus de trente ans. Je suis, je le répète, un passionné d’histoire militaire. Et, en effet, j’ai touché à la généalogie en réalisant mon arbre généalogique il y a bien longtemps. Professionnellement, je travaille dans le domaine de l’informatique (réseaux).
Auriez-vous une anecdote concernant l’indexation collaborative, la généalogie, la recherche, l’histoire… à partager ?
Je suis toujours ému à la lecture des fiches comportant une rubrique « genre de mort » sortant du malheureusement ordinaire « tué à l’ennemi » ou encore « suite de blessures ». J’ai toujours tendance à approfondir la recherche quand figure la mention « fusillé » ou encore « suicide ».
Je suis tombé un jour sur la double fiche d’un officier d’infanterie. La première disait « maladie contractée au service », la seconde parlait de « fracture du crâne par arme à feu ». Intrigué par cette incohérence, j’ai consulté les archives du journal paru dans la ville au lendemain du décès, où on déplorait le « suicide » du lieutenant. Cette indication n’avait visiblement pas été mentionnée sur la fiche MdH, peut-être pour lui conserver la mention « mort pour la France ». A la différence de tous les autres cas de suicide que j’ai rencontrés, mais il ne s’agissait pas d’officiers.
Quels bénéfices pensez-vous que le public (historiens, généalogistes, etc.) pourra retirer des résultats de l’indexation collaborative ?
Des avantages en termes de statistiques, des nombres fiables. Par exemple, il sera désormais aisé de connaître le nombre de tués à des dates et/ou des lieux précis. Je m’explique, il est encore très difficile de trouver le nombre de tués à Charleroi en août 1914, sur le Chemin des Dames en avril 1917 ou encore pendant les grandes offensives d’Artois et de Champagne en 1915.