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Portrait d'indexeur : Fabien Larue

Portrait Fabien Larue

"Le procédé d'annotation par champs est relativement ludique"

La campagne d'indexation collaborative pour l'enrichissement de la base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale atteindra bientôt son objectif. A ce jour, il ne reste en effet plus que 192 631 fiches à indexer avec un rythme moyen de 50 384 fiches par mois en 2017.

Derrière cette immense réussite se cachent des femmes et des hommes passionnés et assidus qui, sur leur temps personnel, participent à l'enrichissement du patrimoine archivistique national. Jusqu'à l'indexation de l'ultime fiche, Mémoire des hommes vous présentera le portrait de quelques-uns de ces nombreux indexeurs. Aujourd'hui, rencontrez Fabien Larue, à qui Mémoire des hommes a posé quelques questions :

 

Nom : Larue
Prénom : Fabien
Département : 66
Nombre d'indexation au 05/01/2018 : 14 555
Rang d’annotateur : 22 sur 2321
Signe particulier : Atteint de « Poilute » (exemple : tilter lorsqu’il est 14h18 ou 18h14…)

 

Vous avez effectué à ce jour un nombre conséquent d'indexations. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à participer à cette campagne ?

J’ai tout bonnement commencé par rechercher mes ancêtres sur la base des Morts pour la France (MPF) de la Première Guerre mondiale. J’y ai trouvé mon arrière-grand-père Jules LAMAZE, décédé le 19 septembre 1917 à Romans (26). Je lui ai consacré un article sur mon blog.
Lorsque l’indexation fut possible par les internautes, je me suis inscrit. J’ai commencé avec les Morts pour la France d’Anould (88), commune de mes ancêtres vosgiens. J’ai vite compris qu’il était préférable de se baser sur le Livre d’Or de la commune pour bien indexer. L’accès aux fiches matricules est également un atout incontournable.
J’ai poursuivi l’aventure en complétant une à une les communes de la vallée (de la Haute-Meurthe), de Plainfaing à Saint-Dié. J’ai ensuite élargi la zone avec des cartes de 20X10 Km.
Le but a été d’indexer tous les Poilus vosgiens (MPF et NonMPF). Arrivé vers les 80% de fiches annotées, je suis passé en mode alphabétique pour finir chaque lettre de début de patronyme de A à Z. Il ne reste qu'une quarantaine de fiches à finir, celles qui étaient sans visuel et que Christophe, le webmestre Mémoire des hommes, m'a débloquées récemment. Les Vosges correspondent à 16 514 fiches.
Les raisons qui m’ont poussé à participer à cette campagne résident dans le devoir de mémoire et l’intérêt personnel pour la Grande Guerre.

Beaucoup d'indexeurs ont leurs propres habitudes d'indexation. Avez-vous des motivations particulières qui expliqueraient les vôtres ?

Outre les raisons expliquées ci-dessus, le procédé d’annotation par champs est relativement ludique. On peut facilement y trouver un jeu dans la complétude des fiches indexées par communes, noms de familles, dates ou lieux de décès, lorsque l’on parvient à toutes les finir (j’y vois un rapport avec Pokemon Go, attrapez-les tous… indexez-les tous).
Malgré cela, il est parfois pesant d’indexer certaines fiches, pour le type de décès, l’âge du Poilu voire d’autres raisons (exemples : lorsque l’on rencontre un fusillé, ou la 300e fiche d’un brave tombé au Bois le Prêtre… encore un…)
Pour réaliser un grand nombre de fiches, il convient de pouvoir arriver à se détacher et de saisir les champs presque automatiquement, sans émotions. Néanmoins, au bout d’une cinquantaine de fiches d’affilée, le cerveau a besoin d’une pause. Je me limite à la centaine en une journée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ? Votre parcours personnel a-t-il un lien avec la généalogie, les archives ou encore l'histoire ?

Je suis Généalogiste Professionnel depuis deux ans, diplômé du DU Généalogie de Nîmes. Je propose recherches, coaching généalogique, études parcours 14/18 et interventions scolaires.
J’administre en outre une trentaine de groupes liés à la généalogie sur Facebook qui cumulent plus de 25.000 membres. Parmi ceux-ci, existe le groupe "Grande Guerre - Défi #1J1P" (mouvement initié par Jean-Michel Gilot), comptant 200 membres.

Auriez-vous une anecdote concernant l’indexation collaborative, la généalogie, la recherche, l’histoire… à partager ?

Je voudrais revenir sur le sujet des NonMPF : en consultant les minutes et les dossiers de procédure, on arrive à un niveau de détails fort intéressant non seulement sur l’affaire qui conduit le Poilu vers le poteau, mais également sur l’homme lui-même, à contrario du "pauvre" tué à l’ennemi… Les parcours "chargés" sont toujours plus attirants pour le généalogiste, même si c’est parfois glauque, on y trouve une matière biographique riche.
Je prends pour exemple un vosgien, Arthur Joannes, qui a été condamné à la peine capitale pour avoir volé et blessé gravement la cantinière du Fort de Pagny-la-Blanche-Côte (55)…
Je vous invite à parcourir cette histoire digne d’un polar de guerre sur Mémoire des hommes.

Pour finir sur une note plus positive, j’avoue indexer souvent en écoutant du Pink Floyd…