Cartes nautiques
Les expéditions de traite sont des campagnes maritimes d’une durée très longue, où la route suivie est une préoccupation constante. Au cours de l’histoire de la traite atlantique, les principales routes ne subissent guère de modifications. Elles sont seulement plus ou moins empruntées, en fonction des périodes et des circonstances. Les expéditions négrières ne présentent pas de spécificités majeures dans les domaines de la navigation. Ce sont les mêmes pratiques qui interviennent, et les mêmes compétences qui sont requises. La plus grande originalité réside probablement dans la cohabitation d’une navigation au long cours pour l’essentiel du parcours, et du cabotage dans la partie africaine.
Outre leur expérience et leur capacité à naviguer à l’estime, les capitaines négriers ont besoin de cartes, qui se présentent le plus souvent sous forme d’atlas reliés sommairement et composés de quelques feuilles. Quelle que soit leur nationalité, de vives critiques contre les cartographes de cabinet pour les erreurs de latitude et surtout de longitude qui compliquent leurs routes, reviennent constamment sous la plume des marins dans leurs journaux de bord, source essentielle du détail de ces navigations.
Est ici présentée une sélection de cinq atlas de cartographes dont les noms apparaissent fréquemment dans les journaux de bord de la Compagnie des Indes, prouvant ainsi leur utilisation. Le choix s’est en l'occurrence porté sur deux atlas néerlandais du XVIIe siècle, époque à laquelle les Pays-Bas dominent le marché cartographique, et deux atlas français du XVIIIe siècle, qui prennent alors le relais. Ces derniers sont en fait trois volumes, puisque pour le Petit Atlas maritime de Bellin, il s'agit à la fois du volume consacré à l’Afrique (et à l’Asie) et du volume portant sur l’Amérique du Nord et les Caraïbes.
Même si une bonne partie des cartes figurant dans ces atlas n’ont jamais servi lors d’expéditions négrières menées par la Compagnie des Indes, une consultation de ces volumes dans leur intégralité a été privilégiée afin d’offrir une vision d’ensemble à l’internaute. Le choix s’est aussi porté sur des exemplaires de prestige de la bibliothèque du Service historique de la Défense, qui ont bénéficié d’un soin extrême dans leur réalisation, qui explique l’excellent état dans lequel ils se trouvent encore. De plus, les exemplaires des deux atlas néerlandais ont été entièrement aquarellés, ce qui leur donne un cachet certain ainsi qu’une lisibilité particulièrement remarquable.