Biographie de Félix Amiot
Félix Amiot est né le 17 octobre 1894 à Cherbourg, au sein d’une famille aisée, d’origine terrienne. Après sa scolarité cherbourgeoise et la mort de son père, il suit sa mère qui s’installe en région parisienne et commence à travailler à seize ans au sein d’un atelier de mécanique où il apprend à utiliser des machines et des outillages, notamment pour la réparation et l’entretien de moteurs. L’essor de l’aéronautique en ce début de vingtième siècle déclenche en lui une forte vocation qui l’incite à construire ses propres avions.
En 1912, il loue un petit atelier près du terrain d’aviation d’Issy-les-Moulineaux et entreprend avec deux amis la construction d’un premier avion, baptisé Amiot 001, qui sera accidenté en 1913. La conception de cet appareil repose sur l’assemblage de tubes métalliques qui forment la structure des ailes et de la cellule. Ce procédé révolutionnaire est enregistré sous un brevet en 1913.
Au déclenchement de la Grande Guerre, Félix Amiot s’engage dans les fusiliers marins avant d’être rappelé du front pour collaborer avec Morane-Saulnier, dans une petite usine située avenue des Ternes à Paris. Il développe un procédé d’assemblage de pièces mécanique par emboutissage qui sera le principe de base de tous ses futurs appareils. En 1916, le gouvernement lui propose de diriger une première entreprise de construction aéronautique. Avec l’aide financière de Pierre Wertheimer, propriétaire des parfums Chanel et Bourjois, il fonde la Société d’Emboutissage et de Constructions Mécaniques qui construit et répare des avions sous licence. Il accroît les capacités de production de la SECM avec l’acquisition d’un nouvel atelier puis avec la construction d’une usine à Colombes. A l’Armistice, Félix Amiot dirige deux usines et plus de mille-quatre-cent ouvriers répartis entre Paris et Colombes.
L’atelier de Paris est fermé en 1919 et l’atelier de Colombes se transforme en usine de production aéronautique. Il aménage les ateliers et développe un bureau d’études permettant la conception de nouveaux avions. En parallèle, il est l’initiateur de nombreuses œuvres sociales : logements pour les employés de ses usines, protection accrue des foyers touchés par la Grande Guerre, édification d’un stade à Colombes.
Afin d’augmenter son activité, Félix Amiot achète en 1929 la firme des hydravions Latham située à Caudebec-en-Caux, et participe, sous l’impulsion du gouvernement, à la création de la Société Générale d’Aéronautique, fusion de plusieurs constructeurs aéronautiques, lui permettant de toucher de forts dividendes financiers. En 1934, devant le scandale financier provoqué par l’échec industriel de la SGA, Amiot rachète l’entreprise à bas prix.
Suite à la nationalisation des entreprises aéronautiques françaises, l’usine de Caudebec-en-Caux devient en 1937 un site de la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Nord (SNCAN), tandis que l’usine de Colombes reste sous le contrôle de la SECM. En contrepartie, Félix Amiot décide la création d’une nouvelle usine à Cherbourg en 1938, en achetant les ateliers et chantiers Cantineau, spécialisés dans l’entretien et la réparation de locomotives et de tenders. Les personnels sont conservés, les ateliers aménagés et agrandis afin de répondre aux commandes par l’Armée de l’Air des bombardiers Amiot 340, 350 et 370.
Durant la campagne de France en 1940, les usines de la SECM sont bombardées et les personnels évacués vers le sud de la France. Recherché par les Allemands pour répondre de la destruction volontaire de l’usine colombaise, il s’expatrie en zone libre et négocie avec le gouvernement de Vichy et les autorités d’occupation allemandes, afin de poursuivre ses activités industrielles. Une nouvelle usine est constituée à Marseille ; le bureau d’études s’installe à Vichy et l’usine de Colombes produit, à partir de septembre 1942, des avions de transport Jünkers Ju-52. En parallèle, il gère les biens détenus par les frères Wertheimer, expatriés depuis 1939 aux Etats-Unis et finance un petit réseau de résistance permettant l’exfiltration d’une dizaine de personnes avant son démantèlement en mai 1943 par la Gestapo.
A la libération, la SECM est réquisitionnée et Félix Amiot doit répondre aux accusations de collaboration devant la justice qui prononce un non-lieu en 1947. De plus, les frères Wertheimer entament une autre procédure afin de récupérer leurs biens. La nationalisation de la SECM en 1946 décide Félix Amiot à abandonner ses activités aéronautiques. Après une brève période de montage de wagons de marchandises en parallèle de la reconstruction l’usine de Cherbourg, il crée les Chantiers Navals de Normandie. A partir de 1948, une multitude de navires sont produits pour différents utilisateurs : chalutiers pour les Chalutiers Cherbourgeois, catamarans pour navigateurs sportifs, bâtiments militaires : dragueurs, chasseurs de mines, patrouilleurs, vedettes.
Détenteur d’une centaine de brevets, notamment ceux liés à l’emboutissage, innovateur de l’activité halieutique grâce au conteneur réfrigéré des chalutiers et au chalutage par l’arrière, il véhicule l’image d’un homme d’affaires avisé, toujours à la recherche d’innovations techniques mais aussi soucieux du bien-être de ses employés. Il décède à Paris le 21 décembre 1974.