Portrait de Valentin Barrier, bénéficiaire d'un contrat doctoral financé par le ministère des Armées #Interview 2
Le 25 février 2021 – Pendant trois semaines, retrouvez la rubrique #Interview tous les jeudis !
Dans le cadre de sa politique de soutien à la recherche en histoire, le ministère des Armées a attribué 3 allocations visant au financement de contrats doctoraux en lien avec des universités en 2020. Le dispositif a pour objectif d’accompagner des doctorants dont la recherche s’inscrit dans l’un des axes de recherche jugés prioritaires par le ministère des Armées.
Aujourd’hui, il vous est proposé de rencontrer monsieur Valentin Barrier, bénéficiaire d’un contrat doctoral financé par le ministère des Armées pour son projet de thèse « Faire la guerre sous la Convention (1792-1795). La naissance du système divisionnaire et les liens entre le pouvoir politique et la planification opérationnelle : un système d'opération révolutionnaire » sous la direction des professeurs Hervé Drévillon et Michel Biard à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.
Présentez-nous votre parcours académique et universitaire, ainsi que les raisons qui vous ont incité au printemps 2020 à postuler à un contrat doctoral financé par le ministère des Armées.
Ma formation est complètement issue de l’Université Paris 1-Sorbonne. Après l’obtention d’un bac scientifique, je me suis tourné vers la discipline historique dans laquelle je me suis senti très vite à mon aise. En troisième année, après avoir suivi les cours d’Hervé Drévillon sur la guerre et la paix de la deuxième partie du XVIIIe siècle à la fin du Premier Empire, j’ai opté pour l’étude de cette période. À la suite d’un Master et la préparation aux concours de l’enseignement, j’ai réfléchi à des moyens de financer le projet de recherche que je murissais déjà depuis longtemps. Connaissant les exigences et les intérêts du ministère des Armées, je me suis dit que je ne pouvais pas, avec un tel sujet, passer à côté d’une telle opportunité de contrat doctoral dont la forme me convenait parfaitement.
Vous préparez une thèse intitulée "Faire la guerre sous la Convention (1792-1795)". La naissance du système divisionnaire et les liens entre le pouvoir politique et la planification opérationnelle : un système d'opération révolutionnaire". Est-ce votre intérêt pour la Révolution Française ou pour l'histoire militaire qui vous a guidé vers ce thème de recherche ? Aussi, votre approche associe à la fois aspects militaires et politiques. En quoi sont-ils complémentaires et s'influencent-ils ?
Les deux ! La Révolution Française est une période passionnante à étudier, une fois que je l’avais découverte il m’était devenu impossible de m’en détacher. J’ai donc décidé de la faire coïncider avec une passion plus ancienne : l’histoire de la guerre.
Les campagnes de la Révolution entre 1792 et 1795 présentent une nouveauté par rapport aux conflits précédents : le lien vivace entre les sphères militaires et politiques. Alors que l’armée devient l’image de la Nation française, la Convention, qui est devenue la représentation politique de celle-ci, cherche à garder le contrôle et la surveillance de cette force militaire en pleine augmentation. Les représentants en mission, délégués aux pleins pouvoirs de l’Assemblé, jouent alors un rôle majeur aux armées. Leur but n’est pas seulement d’organiser et de renforcer les unités mais d’influer sur le déroulement des opérations pour servir les buts de guerre fixés par le nouveau pouvoir politique. Cependant, avec les aléas des campagnes, la direction de la guerre est constamment discutée parmi les sphères décisionnelles, la manière dont elle doit être menée est alors source de discorde. Ainsi l’étude d’un possible « système de guerre révolutionnaire » entraine inévitablement l’analyse des rapports entre les domaines politiques et militaires.
La Révolution Française a marqué une rupture dans l'art de la guerre comme le montrent de nombreux travaux. Comment la période de la Convention y contribue-t-elle ?
La période de la Convention voit les armées de la République adopter de manière expérimentale le système divisionnaire. Celui-ci permet aux différents corps une capacité manœuvrière importance et novatrice pour la période. Ainsi l’échelle de la planification miliaire change de hauteur, la sphère tactique perd progressivement de l’importance au profit de l’échelle opératique qui suit les buts de guerre désignés par la sphère stratégique. Les plans d’opérations sont donc toujours plus complexes et l’attention est davantage portée sur la planification de la campagne. Ces innovations sont une des raisons principales du succès inattendu des armées de la République sous la Convention.
Votre contrat doctoral a bénéficié d'un financement par le ministère des Armées. En quoi celui-ci vous est utile ?
Le financement du ministère des Armées me permet de réaliser mes recherches sur trois ans. Il me permet d’avoir un salaire fixe sur lequel je peux me reposer sans avoir le souci de renouveler chaque année diverses bourses. Le contrat doctoral du ministère des Armées me permet également de continuer à travailler activement avec mon université de rattachement et d’intégrer un laboratoire de recherche en son sein. Enfin il me permet d’avoir un rapport privilégié avec l’institution qui s’occupe des archives que je consulte.
Curriculum vitae de Valentin Barrier
Le 24 mars 2021, le ministère des Armées lancera l’appel à candidatures pour le financement d’un contrat doctoral en histoire militaire et de la défense. |
Publié le 25 février 2021