Según Mannevillette y su Neptune Oriental
Jean-Baptiste-Nicolas-Denis d’Après de Mannevillette, né le 11 février 1707 au Havre et décédé le 1er mars 1780, est le plus important hydrographe de terrain français du XVIIIe siècle jusqu’à Beautemps-Beaupré.
C’est le fils d’un capitaine de vaisseau de la Compagnie des Indes, qui l’emmène naviguer avec lui dès l’âge de douze ans. Entre 1719 et 1736, il n’effectue pas moins de cinq campagnes aux Indes, en Chine et sur les côtes d’Afrique, ce qui le familiarise très tôt avec les côtes de ces deux continents.
En 1726, il entreprend sa première campagne en tant qu’officier sur le Maréchal d’Estrées. Il démontre rapidement de grandes qualités en matière de navigation, utilisant l’octant quelques années à peine après son élaboration par Hadley, et se prend de passion pour la cartographie. Il entreprend de corriger les cartes existantes et d’en produire de nouvelles.
Il travaille sur ce projet entre 1735 et 1742, en se concentrant sur les côtes de l’Afrique, des Indes et de la Chine, ce qui lui permet de publier en 1745 le Neptune Oriental, qui reçoit un excellent accueil auprès des navigateurs européens, longtemps frustré par le secret cartographique entretenu par les Portugais dans ces régions du monde. Le succès sera tel que l’atlas recevra en 1775 une édition significativement renouvelée. C’est celle-ci qui est présentée.
Il perfectionne sa connaissance de ces littoraux lorsqu’il commande en 1749 le Cheval-Marin sur les côtes de Guinée, puis en 1750 le Glorieux, avec lequel il conduit au cap de Bonne-Espérance le célèbre astronome l’abbé de La Caille. Nommé capitaine des vaisseaux de la Compagnie des Inde en 1753, il fait une nouvelle campagne en Chine, puis commande en 1756 le Duc de Bourgogne dans l’escadre du comte d’Aché aux Indes. Il semblerait qu’il s’y soit révélé moins brillant combattant qu’hydrographe.
Conséquence logique de la reconnaissance de ses compétences particulières, il est nommé en février 1762 chef du Dépôt des cartes et plans de la Compagnie des Indes à Lorient, poste qu’il conserve jusqu’à sa mort, même après la suppression de la Compagnie des Indes. Son décès est suivi de peu par la récupération des collections du Dépôt lorientais par le Dépôt des cartes et plans de la Marine. La direction du Dépôt parisien, bien qu'elle ait officiellement critiqué l'édition de 1775 du Neptune oriental, est en effet bien consciente de ce que les cartes de D’Après de Mannevillette sur cette partie du monde sont de bien meilleure qualité que celles que le Dépôt des cartes de la Marine conserve ou a produites.
L’exemplaire présenté ici appartenait aux collections du Dépôt de la Guerre, qui n’a jamais négligé le fait maritime au cours de sa longue histoire. Dans le cadre de certains transferts de collections opérés au cours de ces dernières années, il appartient désormais à la bibliothèque historique centrale de la Marine.