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Aux sources des AFGG

 Pendant la Première Guerre mondiale, l’information sur les opérations militaires est verrouillée. La Section d’Information du Grand Quartier général produit des études mêlant opérationnel et témoignages. Soigneusement rédigées et diffusées, ces études servent de support à la propagande gouvernementale. Mais, après l’armistice, témoignages et études se multiplient, opposant ceux qui dénoncent la boucherie inutile et l’incapacité du commandement à ceux qui défendent l’armée et glorifient les combattants.

 

 Au début de 1919, la polémique sur l’action du Haut-commandement français prend de l’ampleur. Le 9 février, Joseph Reinach (1856-1921), ancien député, fait publier par le Journal des débats une lettre ouverte à Georges Clemenceau, président du Conseil, où il déclare : « La Nation a le droit de savoir comment ont été employées les immenses ressources qu’elle n’a jamais marchandées à la défense du territoire ». Il demande de « faire établir par la Section historique du ministère de la Guerre, seule compétente, un rapport d’ensemble sur les opérations militaires pendant les années 1914-1918 ».

 

 Parallèlement, le gouvernement et l’état-major affichent leur volonté « d’assurer à la France, dans l’opinion mondiale, la part que lui mérite ses efforts et ses sacrifices », comme l’indique le général Alby (1858-1935), chef d’état-major général, dans son rapport adopté le 9 mars 1919 par Clemenceau. Dans l’introduction au tome premier des AFGG, il est aussi avoué la crainte que « l’histoire ne commençât à se défigurer à travers les récits plus ou moins véridiques que produisent fatalement les passions humaines, ou sous l’influence néfaste des légendes qui ont déjà commencé à se répandre ».